Même si on ne partage pas son point de vue (inscrit sur la liste LREM aux européennes de 2019, ce qui ne l’empêchera pas de fustiger les « avocats militants » de la partie civile) ou ses options (choisissant de défendre systématiquement la délinquance en col blanc et le Parti de l’argent), on attendait, jeudi 11 juillet, la plaidoirie de Jean Veil, considéré comme un maître du barreau. Mais elle fut bien longue au regard de ce qu’il avait à dire. Et contrairement à ce qu’il affirme dans cette émission de France 5 – où il plastronne au milieu de chiens de garde médiatiques qu’il prétend détester -, il ne connaissait manifestement rien du dossier.
Sa plaidoirie fut à l’image de sa posture au tribunal : déambulatoire, relâchée, vide et vulgaire. La petite cour des journalistes de l’émission, qui lui déballent un tapis rouge par intérêt bien compris, vaut aussi le détour : Warren Buffet, le milliardaire américain, a dit un jour : « La lutte des classes existe, et nous l’avons gagnée ». En regardant cette émission d’un entre-soi de dominants, on pourrait penser qu’il avait raison. À nous de nous organiser pour montrer qu’il n’en est rien. Ce procès, qui a su tisser des solidarités, est une pierre à l’édifice contre cette arrogance du « bloc bourgeois ».
Le visionnage de cette émission de piètre qualité, de bobos dans l’entre-gens, est assez amusant car pour un avocat qui ne s’est pas privé, lors de sa plaidoirie du 11 juillet 2019, de férir contre les journalistes présents dans le Tribunal, les accusant de tous les maux et d’une si mauvaise influence dans la crise sanitaire et sociale de France-Télécom, que le voir illuminé et fier comme Artaban car reçu à la TV avec sa cour autour de lui, que l’on se dit d’abord, que feu Andy Warhol avait raison : chacun aura son quart d’heure de gloire à la télévision ! Voilà qui est fait… Il aura pu enfin s’écouter parler !
Ensuite, Maître Veil avocat des puissants, il a bien raison, car cela paye mieux que de défendre la working-class à 1000 ou 2000 balles par mois…
En revanche, quant à la plaidoirie de Me Veil qu’il a délivrée ce 11 juillet, elle était fort amusante, au final… Et la relecture de mes notes encore plus hilarante… En effet, Me Veil a soutenu son client, M. Didier Lombard, comme la corde sait si merveilleusement soutenir le pendu… Car, à défaut d’avoir travaillé son dossier nous pouvons estimer que :
40 % du temps de sa plaidoirie consistait en un mélange de digressions hors sujet, d’anecdotes du niveau du Café du Commerce ou du Bar des P & T. Je cite, en vrac : «Nous avons la chance de ne pas avoir eu de guerre sur le sol de France depuis très longtemps ; Mais il y a le problème du climat ; Et qu’allons-nous laisser à nos enfants ; Et l’explosion de la dette française avec les 1000 milliards d’euros ; Et le risque de faillite avec mise sous tutelle via le FMI ; Et le problème des avocats qui seront remplacés d’ici 50 ans par des ordinateurs qui plaideront à leur place… Bref, de la Science-Fiction de Comptoir après le verre de trop… ». Propos totalement hors-sujet n’aidant en rien son client…
30% du temps de sa plaidoirie où il aura fourgué, en tant qu’avocat militant, sa tambouille dogmatique anti Parties-Civiles, lui qui milite depuis plusieurs décennies (le saviez-vous ?) pour les en exclure de la procédure pénale, dans l’espoir d’aboutir à un clone de la justice nord-américaine… Profitant au passage de griffer les journalistes couvrant le Procès et l’affaire France-Télécom. Propos totalement inutiles desservant son client…
20 % du temps de sa plaidoirie consistant à entrelarder sa discussion du Bar des P & T d’attaques ad-hominem gratuites, virulentes, vulgaires ressemblant à des crachats de morve totalement incompréhensibles contre le Président d’un syndicat de Cadres de France-Télécom… Propos totalement scandaleux nuisibles à son client…
10 % du temps résiduel restant pour vaguement survoler « au jugé » le dossier de son client, Monsieur Didier Lombard, qui avait pourtant bien besoin d’une solide défense… Les propos utiles manquent… Dommage pour M. Lombard !
Et encore, d’utiliser la moitié de ce temps résiduel pour conclure par un : « Nous sommes hors sujet dans ce Tribunal ! Vous relaxerez Didier Lombard ! »
Oh la la ! Me Veil, lui, il était ce jour-là vraiment hors-sujet dans ce Tribunal… On pouvait même penser qu’il était un peu «à l’Ouest»…
Et pour meilleure preuve, il finira par faire la morale à l’auditoire en ajoutant, ultime diversion, que si l’on se suicide, c’est désormais à cause d’une part des journalistes qui en parlent trop dans les journaux, d’autre part à cause de l’abandon de la religion… Amen…
Merci pour ce commentaire. Il rappelle quelques éléments de fait de sa plaidoirie qui alimentent ce que nous disions : « il ne connaissait manifestement rien du dossier ». Et comme pour certains journalistes libéro-conservateurs qui sont dans le même cas (mais ceux-là, comme dans l’émission, ce sont copains), il a eu recours au fait divers qui fait diversion.
Excellent!Je partage entièrement votre point de vue.