Après quatre ans d’enquêtes, après des perquisitions jusque chez les cadres dirigeants d’Orange, les documents saisis, les témoignages recueillis sont accablants. La direction est sous le choc mais tente toujours de minimiser la crise et d’invoquer une opération médiatique contre elle…
Le dossier d’instruction est énorme et les charges sont importantes.
Notre seul regret est l’abandon des motifs d’« entrave aux IRP » et de « mise en danger de la vie d’autrui » qui disparaissent du procès. Pour les victimes et leurs familles, c’est la seule notion de « harcèlement institutionnel » qui va être invoqué pour condamner France Télécom et les dirigeants de l’époque, Didier Lombard, Olivier Barberot et Louis-Pierre Wenes, augmentés de 4 nouveaux cadres mis en examen par les juges d’instruction.
Le motif de harcèlement institutionnel ouvre des perspectives juridiques très importantes, à une époque où les patrons utilisent régulièrement ces nouvelles méthodes de management qui stimulent la productivité des salarié-es en misant sur le « bon stress », la mise en concurrence et la déstabilisation des salarié-es. Dans ce procès, le harcèlement est traité non pas du point de vue individuel d’un supérieur et d’un subordonné, mais bien d’un système de gestion des ressources humaines qui s’impose de et par la direction générale jusqu’à l’ensemble des salarié-es.
Mais si le procès débouche sur la condamnation des prévenus (et cela est aujourd’hui vraisemblable), les parties civiles ne pourront pas forcément prétendre à une juste réparation des préjudices subis. Cette question restera entière au moment du verdict : comment clore ce passé dans la mémoire collective, sans qu’une réparation à la hauteur des souffrances engendrées ne soit intervenue ?
Quoiqu’il en soit, nous pouvons quand même goûter à ce moment savoureux où des patrons du CAC 40 vont se retrouver sur le banc des prévenus d’un procès d’envergure. La presse économique ne s’y trompe pas comme le montre un article de Challenges.