- Philippe
- Orange
- 2007
- Gironde
Année 2007, réception de mails journaliers afin de quitter France Télécom Orange pour reprendre épicerie, boucherie, bar tabac, etc...
Conférence donnée à Pessac pour le personnel du SIFAC au sujet de la "transformation" dont vous trouverez un tract que j’avais rédigé à l’époque :
LA TRANSFORMATION PERMANENTE NOUVELLE RELIGION A FRANCE TELECOM
Quelques sourates de sociologues un bon mot de Woody Allen et une phrase de Churchill, ça y est, une nouvelle religion est née à laquelle on nous prie d’adhérer.
Comme une nouvelle loi de la nature, aussi certaine que la gravitation universelle, l’entreprise doit changer en permanence. Elle ne peut pas faire autrement, car elle doit s’adapter à l’accélération technologique et lutter contre la concurrence qui joue le même jeu. La démonstration est aussi certaine qu’irréfutable et, par voie de conséquence, le personnel de l’entreprise doit devenir agile et emprunter le chemin obligatoire de la vallée du changement comme une série de dépressions suivies de collines à escalader. Cette sinusoïde infernale fait de nous, les salariés, des êtres cyclothymiques passant successivement d’un état dépressif à un état euphorique ceci se répétant éternellement puisque, on vous l’a déjà dit, le changement est permanent !
Naturellement, ce système produit des scories, ceux qui ne s’adaptent pas, ceux qui sont bloqués dans l’état de déni ou de deuil et qui ne passent jamais à celui de l’acceptation de son sort, nouvelle aliénation des temps dits modernes. Malheureusement, l’entreprise ne peut rien pour eux, car cela relève de la pathologie donc de la chaîne CHSCT -> Médecin du travail -> Psychiatre ?
Loin de nous l’idée qu’une entreprise est immuable et n’a jamais de mutation à opérer au cours de son existence, la plupart d’entre nous ont une longue expérience à France Telecom et connaissent tous les tournants technologiques et commerciaux qu’elle a dû prendre. Mais comme pour les espèces vivantes, les périodes de mutation doivent être suivies de périodes de stabilité, dans l’histoire les changements effectués à un rythme trop rapide ont toujours engendré des extinctions.
D’autre part, l’idée fort répandue dans nos grandes entreprises (Renault, Peugeot et FT bien sûr) qu’une direction et son management qui met ses salariés dans ces situations n’est pas responsable des accidents personnels qu’elle cause (dépressions, suicides...) est insupportable, l’idée aussi que c’est à nous seul de trouver les ressources intérieures pour faire face à des situations dans lesquelles le management nous a délibérément mis est inadmissible !
Bien sûr l’entreprise est responsable des scories qu’elle génère, bien sûr l’entreprise doit réparer !
Alors les changements sont-ils ceux qu’on nous a présentés aux journées SIFAC dédiées à la transformation ? Si c’était le cas, on ne voit pas très bien pourquoi on aurait besoin d’une telle préparation à la transformation permanente, car c’était, somme toute, une banale adaptation de l’organisation comme on en a connu des dizaines.
Ou bien voulait-on nous préparer à des changements plus radicaux comme reprendre une boulangerie, un bureau tabac ou un restaurant, propositions que l’on reçoit régulièrement dans notre boite aux lettres électronique ?
La réponse nous appartient, sachez tout de même que déjà plusieurs collègues du SIFAC se sont trouvés, où sont, dans la situation de devoir chercher un emploi par eux-mêmes.
Le SIFAC,contrairement à ce que l’on vous dit, n’est plus épargné.