- Valérie
- France Télécom
- 20052009
- Nord
Je compatis très fort à la douleur des familles de salariés de France Telecom qui ont tout perdu avec le décès d’un proche. C’est très important pour moi de vous apporter mon témoignage : je suis fonctionnaire depuis 1994, mais j’ai pourtant été victime d’un licenciement abusif, que « ma reconversion professionnelle » s’est faite sur la base d’un « contrat truqué » et enfin que le montant de ma retraite, compte tenu de ce parcours professionnel imposé et chaotique sera insignifiant. De par mes différents épisodes de dépression, j’ai beaucoup souffert et fait souffrir mes 4 enfants. Depuis ce départ forcé de France Telecom, j’ai perdu 5 années de vie professionnelle alors que je n’ai pas pris aucun congé parental pour mes 3 aînés. Mon mari et moi sommes rentrés à France Télécom, lui sur Lille et moi sur Rouen, avec les derniers recrutements de fonctionnaires en 1994 (concours de cadre car le concours de cadre supérieur n’existait plus). Mon conjoint travaille actuellement sur Lille chez Orange SA. J’ai été « licenciée », c’est à dire radiée du personnel France Telecom au 1er septembre 2005 sur la base d’un « contrat de détachement France Telecom » que je n’ai jamais lu ni signé et parce surtout il n’existait pas, puisque j’étais en congé sans solde suite à une dépression pour harcèlement moral. J’ai récupéré une copie d’un document non signé du Ministère de l’Éducation Nationale daté de 2005, en 2015, après avoir fait une demande au cabinet du Recteur de l’Académie de Lille. Depuis 1997 et le virage stratégique entrepris par l’opérateur, les salariés ont connu des restructurations de service tous les deux ans. La politique de la maison et des ressources humaines a commencé à être désastreuse avec de très fortes pressions, du harcèlement sur le personnel pour s’adapter aux changements préconisés par les cadres dirigeants et pourtant remis en cause tous les deux ans : création d’unités qui étaient démantelées deux années après, obligation de se reconvertir et faire partie du mouvement sous peine d’être écarté, montré du doigt, mis au placard… Durant les premières années, je devais par exemple monter des opérations commerciales qui duraient parfois jusque minuit et le lendemain je devais être à huit heures à mon poste car la devise était « un cadre n’a pas d’horaire ». Par contre, exit une prime avec mon salaire au minima et ma progression de carrière ou bien que j’occupe un poste qui ne correspondait pas à mon niveau d’études, « je m’en moque » me répondaient inlassablement les différents responsables que j’ai pu avoir lors de mes différents postes sur Rouen, Évreux et la Métropole Lilloise. En juin 2001, à la faveur d’une promotion pour laquelle j’ai « claqué » la porte de la Direction Régionale FT de Lille pour les motifs invoqués précédemment, je suis passée cadre supérieur dans le dom 2 de communication interne de l’actionnariat salarié à Paris-Losserand au siège. Malheureusement, au bout de 6 mois, j’ai été contrainte de démissionner de mon poste au motif que je demandais à prendre un temps partiel le mercredi pour mes trois enfants alors âgés de 6, 4 et 18 mois (alors que la crèche m’avait alerté sur l’état de santé de ma plus jeune fille qui était en souffrance et ne s’adaptait pas à ce mode de garde). Gérard Gruet-Masson, haut cadre dirigeant du siège FT, m’a signifié que je n’étais plus capable de tenir mon poste et que j’avais triché avec mes responsables car j’avais accepté un poste à temps complet. Par contre, il a toujours omis de faire valoir que je venais de l’univers du marketing et qu’il était prévu que je sois formée en interne sur la fiscalité, les introductions en bourse… par mon responsable direct qui a quitté subitement l’entreprise lors ma prise de poste. Je m’épuisais à rentrer très tard le soir pour tenter de faire au mieux ce travail dans un univers inconnu et sans aucune formation ! Il n’a eu de cesse à partir du moment où je lui ai signifié cette demande de temps partiel, de me réduire à néant en me retirant toutes mes missions pour les confier à une personne que je manageais donc en dessous de moi dans l’organigramme, de nommer très quelqu’un alors que je suis restée en poste encore 6 mois, de supprimer toutes mes primes pour les lui attribuer, de me « rétrograder » en attribuant mon bureau à mon successeur. J’ai dû affronter le regard des autres et seules l’épouse du préfet Bernard Bonnet qui travaillait dans mon équipe ainsi que Madame Serra m’ont apporté du soutien et de la bienveillance. Je venais travailler la boule au ventre avec l’envie d’en finir car je me trouvais nulle, incompétente et responsable de ce gâchis professionnel. Pendant de très longues années, je me suis d’ailleurs tenue responsable de cet échec professionnel. Totalement désabusée et démolie, je n’ai pas suivi les conseils de Carmen Serra, une belle personne qui travaillait dans les RH au siège (il en existait tout de même) et ai suivi mon conjoint qui a voulu repartir dans le Nord. Je n’ai jamais souhaité être enseignante (mon père l’était et il était très mauvais pédagogue avec ses trois enfants). Après avoir vécu cet épisode de harcèlement, j’ai cru saisir l’opportunité de faire une pause dans ma carrière par le biais d’un contrat de détachement de 10 ans dans un autre ministère. J’ai donc pris contact avec le DRH de l’Éducation Nationale de Lille, Monsieur Gilbert Souale. Il a refusé de prendre ma candidature au motif que l’on ne pouvait intégrer l’Éducation Nationale sans passer de concours. Un an après, j’ai pourtant été autorisé à faire des remplacements de janvier à juin 2005, pendant 5 mois Au 1er septembre 2005, j’ai intégré l’Éducation Nationale sans aucune formation et été radiée définitivement des cadres de France Telecom. J’ai subi « la double peine » parce que le DRH Monsieur Souale qui m’avait signifié les conditions d’accès dans l’Éducation Nationale en 2003, n’a pas supporté l’injonction de FT Paris/ Ministère Éducation Nationale pour cette embauche et il s’est « vengé » en me nommant sur un poste que personne n’aurait su assumer, sans formation au démarrage d’une carrière d’enseignant : une prise de fonction avec les 6 niveaux suivants : CE2, CM1 et CM2 à 50% et le reste du temps des PS, MS et GS donc pratiquement tous les niveaux de classe. J’ai bien évidemment tenu ce poste à peine trois mois et ai à nouveau craqué psychologiquement en ignorant, que dans un document du Ministère de l’Éducation 3 Nationale daté de juillet 2005, je disposais d’un délai d’un an pour me rétracter, et je pouvais donc réintégrer France Telecom. Monsieur Soussan, alors Directeur de l’Académie de Lille, a demandé à Monsieur Souale de justifier une telle affectation et de s’excuser lors d’un entretien en octobre 2005. Compte tenu de l’expérience traumatisante de France Telecom sur Paris et avec ce nouvel échec professionnel, j’ai perdu toute confiance en moi. Je suis tombée en dépression, et j’ai pris un arrêt de travail en octobre 2005 pendant un an. Puis je suis restée sans activité professionnelle jusqu’à la rentrée scolaire de septembre 2010. Pour cette reprise professionnelle dans l’Éducation Nationale, j’ai été contrainte de travailler à 50% car on m’a signifié que je ne pouvais plus prétendre à une formation, que je n’en avais pas besoin, que tout se passait sur le terrain et que le seul moyen était de réduire mon temps de travail et utiliser ce « temps personnel » à faire des stages d’observation sur le terrain dans des classes, ce que j’ai fait. (L’année suivante en 2011-2012, on n’a rien trouvé de mieux que de m’envoyer faire la classe en cours préparatoire et en CE1 toujours sans formation alors que j’étais auparavant avec 3 niveaux de classe en maternelle et que mon unique rapport d’inspection daté de mai 2011, mentionnait que j’avais besoin d’être formé et accompagné. Sur mon profil administratif IProf, je suis censée avoir passé un concours interne (?!) qui donnait droit à une formation d’une année (ma collègue de travail dans l’école où je travaille aujourd’hui a passé un concours interne et a effectivement eu droit à une formation d’un an.). En 2014 j’ai à nouveau craqué et pris un congé sans solde de deux ans, après avoir croisé la route de deux directrices d’école qui ont pratiqué du harcèlement en employant des mots très durs. J’ai été qualifié de : « incompétente », « en travaillant dans leur classe, je sabotais leur travail », « feignante parce qu’étant à 50% », « pas des leurs car pas formé pour exercer ce métier » …). L’une d’elle a été poursuivie au tribunal administratif et a reçu un blâme suite à la plainte d’un parent d’élève, sans jamais être inquiété dans sa carrière d’enseignante. Depuis 2005 et jusque septembre 2017, pour pouvoir exercer ce métier, j’ai dû énormément investir dans des manuels de pédagogie, du matériel pour faire la classe car je n’ai jamais disposé d’aucun budget pour enseigner, n’étant que remplaçante sans classe attitrée. Bien souvent, les armoires de fournitures étaient fermées à clé lors de mes premiers remplacements ! Contrainte et forcée, j’ai repris à nouveau un poste depuis la rentrée 2016-2017 après un passage par la médecine du travail. Docteur Bernard a signifié qu’il fallait que je me fasse une raison avec mes épisodes de dépression, je ne « valais plus grand-chose ». J’avais beau avoir des prétentions, des velléités de changement, avec mes trous dans mon cv, mon diplôme « périmé » et mon âge, je devais ouvrir les yeux et me faire à la réalité, c’est à dire repartir dans l’enseignement. De toutes les façons, en intégrant le « corps des enseignants », j’ai même perdu mon grade d’attaché de l’administration que j’ai obtenu en passant le concours de catégorie A en 1994 donc impossible de demander un détachement dans une autre administration. 4 Depuis 2005, mon salaire n’a pratiquement pas évolué et je ne suis pas encore éligible à la hors classe pour le moment car je ne suis pas prioritaire ne disposant pas du « bon cursus académique » ! Depuis mon intégration en 2005, j’ai toujours eu un statut précaire de remplaçante plus exactement « décharge de direction ». Je n’ai obtenu un poste définitif qu’en septembre 2017 parce que mon poste de remplaçante était supprimé ! Mon souhait a toujours été de réintégrer l’entreprise France Telecom devenue Orange pour laquelle j’avais passé un concours. Tout est possible pour celui qui détient le « pouvoir », c’est-à-dire l’État : je suis bien passée d’un ministère à l’autre sur la base d’un simple appel téléphonique des RH FT en 2004 me proposant un contrat de détachement qui n’existait pas et j’ai intégré le corps enseignant sans concours ni formation alors que le concours était et demeure l’unique moyen d’intégrer le corps enseignant. Je suis également restée à la sécurité sociale France Telecom - Orange jusqu’en 2013 ! J’ai tenté de réintégrer FT en 2009 et 2015. En 2009, j’ai contacté France Telecom pour leur expliquer ma situation et cela a été un refus catégorique de m’écouter. Je me suis alors tournée vers mon conjoint qui a eu peur de m’aider, compte tenu du poste de responsable des boutiques de la Métropole Lilloise qu’il occupait alors (les consignes du siège étaient de faire partir, déplacer plutôt qu’accompagner les fonctionnaires qui n’avaient pas les compétences dans la vente …). En 2014, aidé par mon conjoint, j’ai contacté la Direction des Ressources Humaines Orange de Lille qui était favorable à une réintégration mais le service juridique de Paris, malgré un courrier expliquant mon parcours a refusé cette réintégration. Un contrat de détachement « légal » court pourtant sur 10 ans ! J’ai même essayé de contacter Stéphane Richard ou Marie-Pierre Gröndahl, chef de service économie à Paris Match qui l’interview depuis 2011 mais mes courriers pour ce qui concernait Orange, ont été interceptés par le Département des Affaires Réglementaires et Statutaires. Mon « contrat de détachement » a été bricolé de toute pièce, le but étant de faire partir un fonctionnaire par n’importe quel moyen. Pour faire carrière dans l’enseignement, le concours a toujours été obligatoire. Il donne le droit à une année de formation de septembre à juin, dans les Écoles Normales d’Instituteurs jusqu’en 1990, puis les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM) puis les Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Éducation (ESPE) depuis 2013. Dans les années 2004-2005. Pour les personnes qui venaient d’une autre administration, il fallait passer un concours interne qui donnait également le droit à cette année de formation. France Telecom a bricolé et imposé un « détachement » de 5 mois commençant au 1er janvier 2005, alors que l’année scolaire dans l’Éducation Nationale commence toujours un 1 er septembre. Lorsque l’on prend sa retraite, il est impératif de terminer l’année scolaire en cours. Avec le « pseudo contrat » FT, j’ai effectué des remplacements en tant que professeur des écoles pendant 6 mois, soit de janvier à juin 2005. J’ai été radié des cadres France Telecom au 1er septembre 2005. Juillet et août sont des périodes non travaillées donc la période de travail ou détachement n’a duré effectivement que 5 mois et non 8 mois. Le Ministère prévoyait 5 tout de même que « le détachement pourrait être renouvelé une seule fois pour une période d’un an ». Par ailleurs, dans l’Éducation Nationale, ce n’est jamais de janvier à juin que l’on fonctionne mais sur une année scolaire qui débute au 1er septembre et se termine fin juin. Preuve en est, en 2015, lorsque j’ai demandé à réintégrer l’Éducation Nationale au 1er janvier 2016, suite à l’échec de mes négociations avec Orange en novembre 2015 et parce que j’avais pris à nouveau un congé sans solde pour les années scolaires 2014- 2015, 2015-2016, l’Académie de Lille a refusé cette réintégration au 1er janvier 2016. J’ai donc perdu 8 mois de salaire et d’ancienneté. Je n’ai été réintégrée qu’au 1er septembre de l’année scolaire 2016-2017. Pour ce « contrat de détachement » de 2005, France Telecom s’est appuyé sur la loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 relative à l’organisation du service public de la poste et à France Télécom., avec la promulgation d’un nouvel article 29-3 créé par la loi n°2003-1365 du 31 décembre 2003 qui préfigurait de la volonté d’organiser les futurs licenciements ou départs forcés. Art 29-3 « Les fonctionnaires de France Télécom peuvent être intégrés sur leur demande, jusqu’au 31 décembre 2009, dans un des corps ou cadres d’emplois de la fonction publique de l’État, de la fonction publique territoriale ou de la fonction publique hospitalière. Cette intégration est subordonnée à une période de stage probatoire suivie d’une période de détachement spécifique. Elle s’effectue, en fonction des qualifications des fonctionnaires, nonobstant les règles relatives au recrutement des corps ou cadres d’emplois d’accueil, à l’exception de celles subordonnant l’exercice des fonctions correspondantes à la détention d’un titre ou diplôme spécifique… ». → je n’ai pas eu de période probatoire de stage → ma période de détachement spécifique : 5 mois d’exercice en qualité de professeur des écoles avec des remplacements très courts pour combler les absences ne permettaient pas de capitaliser une quelconque expérience professionnelle → en fonction des qualifications des fonctionnaires : il est vrai qu’avec un BTS Commerce International et mon DESCAF (diplôme d’études supérieures comptables administratives et financières - ESC Lille, option commerce international, une année aux Etats-Unis et mon expérience dans la vente, le marketing puis la finance, sans aucune formation en pédagogie, sur les méthodes d’enseignement, la démarche d’apprentissage comme la lecture au CP, je n’étais pas qualifiée pour enseigner ! → nonobstant : pour permettre les licenciements ou départs forcés. Toutes ces personnes travaillant à France Telecom sont décédées car elles ont subi un harcèlement moral sans relâche, pour certaines depuis de très nombreuses années. Ce harcèlement s’est fortement accru dans les années qui ont suivi l’introduction en bourse du groupe où il fallait à tout prix faire du chiffre d’affaires, accroître les parts de marché de l’entreprise et « licencier » les fonctionnaires. Les derniers « bourreaux » sont encore présents dans l’entreprise mais ils se font très discret. C’est si facile de briser moralement une personne en jouant et abusant de sa 6 position hiérarchique, de la détruire en touchant à son intégrité, en réduisant à néant sa confiance en elle, par des menaces déguisées, sans témoin, sur des supposés défauts de compétences, en lui agitant la menace de perdre son travail, l’estime des autres, en distillant des propos diffamatoires dans sa sphère professionnelle proche… Pour ma part, de tels « bourreaux » qui n’ont aucune conscience et intégrité professionnelle, sont coupables d’homicide volontaire. Les dirigeants FT sont responsables d’avoir touché un salaire à la Bill Gates et d’être resté dans leurs hautes sphères comme Monsieur Gruet-Masson. Contrairement à eux, Bill Gates est un vrai entrepreneur et manager qui va régulièrement sur le terrain pour « prendre la température », écouter et dialoguer avec ses équipes. Ceux qui ont provoqué les suicides et les dépressions sévères sont les encadrants directs qui n’étaient pas obligés d’appliquer à la lettre les directives imposées par le siège surtout s’il s’agissait de casser moralement des êtres humains. Mon conjoint a toujours pris du recul par rapport à cette pression et a toujours mis en avant le bien-être et la santé mentale des personnes qu’il manage. À l’État Français maintenant, capable du meilleur comme du pire, de réparer pour tout ce gâchis et ces vies humaines ôtées. Personnellement, j’ai beaucoup de défiance à l’égard de ce même État qui a été capable de laisser écouler des poches de sang contaminé en toute impunité pendant un an, sans que les victimes ne soient jamais indemnisées, ferme les yeux sur des pollutions mortelles dans de très nombreux domaines…. Dans mon cas personnel, depuis 14 ans maintenant ma carrière professionnelle et ma vie se sont brisées par la seule volonté de l’État et des dirigeants France Telecom. Ils ont fait partir un maximum de fonctionnaires dont le contrat de travail est en théorie inattaquable sauf en cas de fautes graves ou départ pseudo volontaire en bricolant des contrats illégaux. Entre 2001 et 2008, 44 700 postes ont ainsi été supprimés à FT dont 94% de fonctionnaires, par tous les moyens en employant pour y arriver des méthodes de management par la terreur et le harcèlement moral. Je vous prie d’agréer Maître, l’expression de mes respectueuses et sincères salutations.