Témoignage harcèlement chez ORANGE

  • ORANGE
  • 2008
  • Paris

Je m’appelle Philippe BAILLET, j’ai 58 ans, je suis salarié chez Orange sur un poste de cadre supérieur niveau 4.2. Je suis ingénieur de formation. Depuis le 5/5/2011 je suis depuis le 5/5/2011 en arrêt longue maladie puis longue durée et enfin mis en disponibilité d’office. Depuis le 6/5/2019, je suis mis en pension d’invalidité suite à la décision du comité médical d’Orange. Orange m’a communiqué officiellement la notification de la décision ainsi qu’un dossier de demande de mise en retraite d"invalidité. Entre 01/2007 et 07/2010, j’ai travaillé au sein de l’entité Marketing wholesale d’ICSS. Les problèmes ont débuté réellement début d’année 2008 avec une pression très soutenue et des objectifs complètement inatteignables. Mais au delà de cette pression, c’est la volonté à peine camouflée de la part de mon n+2 de nous briser, mon supérieur hiérarchique direct (Jean-Luc Pasquinet) et moi-même. Du début 2008 à 09/2008, on peut dire que Jean-Luc Pasquinet était "mon fusible" et qu’il prenait de plein fouet le harcèlement acharné de son supérieur. Mais le travail à fournir qui était de plus en plus délirant, je le subissais directement. Il faut préciser que Jean-Luc m’aidait sur le projet Roaming Hub qui était un projet sous les feux de la rampe et dont j’étais le chef de projet. Jean-Luc me prêtait main forte quasiment à temps plein, les objectifs étaient purement inatteignables à un point tel que même à deux on y arrivait plus. Notre supérieur hiérarchique faisait tout pour nous enfoncer avec par exemple une de ses techniques préférées qui consistait à nous convoquer pour des réunions interminables qu’il déclenchait à 18h30 voir 19h00 et qui prenait fin à des heures à peine avouables et ce très régulièrement. Ces réunions n’avaient rien de constructif mais faisait la part belle aux critiques. Jean-Luc a été poussé à bout et a été placardisé et remplacé alors même qu’il était en vacances par une personne beaucoup plus jeune à qui notre supérieur hiérarchique avait promis le poste depuis plus de 6 mois. Je laisse imaginer la suite qui m’attendait avec un supérieur hiérarchique directement redevable et acquis à la cause de mon n+2. Je me retrouve avec mon projet et des objectifs et une pression encore plus soutenue mais sans aucune aide et surtout avec une volonté de ma hiérarchie de m’humilier en tout cas c’est mon ressenti. Et pour souligner tout celà, les primes sur objectifs qui m’étaient attribuées tous les 6 mois étaient de loin les plus basses de mon services ce qui personnellement je ressentais comme de l’humiliation. C’était d’autant plus humiliant que quand on analysait tous les % des bonus du service, il y en avait un qui faisait intrus par rapport aux autres, c’était le mien. J’en étais arrivé à un point où j’étais un des derniers à quitter l’immeuble du site de Bonne Nouvelle et à emporter du travail le weekend chez moi mais en contrepartie ma hiérarchie me rabaissait et ne me soutenait pas bien au contraire. Mes problèmes de santé débutèrent, plusieurs arrêts maladie avec des blocages du dos, des weekend où je ne decrochais plus du boulot et où je restais alité car complétement à plat et avec cette boule au ventre de reprendre le lundi. Je n’avais plus de vie sociale ni familiale et je ne décrochais plus du boulot. Au mois d’octobre 2009, je prends conscience que mon état de santé se détériore avec un arrêt de maladie de 23 jours avec des symptômes alarmants car j’ai des pertes d’équilibre et je suis obligé de suivre pendant plusieurs semaines des séances de kiné vestibulaire. Pendant mon arrêt de travail et de retour dans mon service, je remets à ma supérieure hiérarchique mes arrêts de travail et prolongation. 2 mois après ne voyant pas apparaître sur mes fiches de paie la trace de ces arrêts, je décide d’aller voir ma supérieure hiérarchique pour lui en faire part et là un peu bloquée, elle m’avoue qu’elle ne les avait jamais transmis aux services RH. Après avoir fermement insisté j’arrive à les récupérer. A ce moment, Orange était confronté à la vague de suicides et j’ai compris que ça n’était pas dans l’intérêt du service de déclarer un arrêt de travail aussi long et qui dévoilait un mal-être. Ma supérieure hiérarchique devait comme c’est le cas lors d’un arrêt supérieur à 3 semaines déclencher une procédure spéciale. Elle ne l’a bien entendu pas fait puisqu’elle a gardé volontairement les arrêts de maladie. Mon état de santé restera très précaire et je décide de faire une mobilité afin d’échapper ma souffrance. En juillet 2010 je quitte ce service et intègre un nouveau poste à l’AE Paris croyant que j’allais tourner la page et repartir sur de nouvelles bases. Les symptômes qui s’étaient manifesté sur mon précédent poste suite à l’acharnement et au harcèlement dont j’avais été victime resurgissent très vite : manque de concentration, perte de mémoire, désarroi total à la moindre pression de travail. Je commence à vivre le même cauchemar que celui enduré pendant pratiquement 2,5 ans sur mon précédent poste. Je souffrais dans mon poste et cette souffrance me poursuivait de nouveau le weekend. Je n’ en dormais plus, réveil quasiment toute les nuits vers 3h ou 4 h du matin. Je finis par m’effondrer le 5/5/2011 où je décide d’aller consulter la médecine du travail. Je tombe sur un médecin humain, compréhensif qui me dit, après que lui retrace tout mon calvaire, vous ne pouvez pas reprendre votre travail dans l’état extrême dans lequel vous vous trouvez. Depuis ce jour, je n’ai plus jamais repris mon travail. Je suis suivi depuis plus de 8 ans maintenant par le centre medico-psychologique de ma ville et suis un traitement à base d’antidépresseurs et de somnifère qui n’a jamais été interrompu à ce jour. Ma vie familiale a été brisée, je suis passé à côté de ma relation avec mes enfants (mes 2 derniers avaient respectivement au début de mes problèmes fin 2008, 9 ans et 12 ans). Les relations avec ma femme se sont simplifiées au maximum, heureusement que nous sommes une famille soudée et que cette personne s’est littéralement sacrifiée pour moi.
Enfin, je suis en procès contre Orange depuis plusieurs années. Je demande que mon arrêt de maladie soit reconnu imputable au service et réclame des dommages et intérêts (carrière et vie de famille brisées). J’en suis arrivé à 12000 € de frais d’avocat. J’ai été débouté dans un 1 er temps, j’ai fait appel, le jugement repasse en date du 26 juin prochain.
Je suis désolé d’avoir été aussi long mais ça n’est là qu’une synthèse et elle ne reflète malheureusement pas toute la souffrance et les dégâts que cela a engendré dans ma vie.
Bien entendu, c’est bien volontiers que je souhaiterai me porter partie civile.

Pour information je suis défendu par :
Me Benoît ARVIS avocat à Paris 7 rue Ernest Cresson Paris 14 tel : 0177356979